3.3 - La Pointe du Raz - Finistère
L'accueil du public et les formes de régulation des flux
L'aménagement du site dans le respect de l'esprit des lieux
La structure et les moyens de gestion
Les retombées économiques et le partenariat local
Située à l'extrémité du Finistère, face au raz de Sein redouté par tous les navigateurs, la Pointe du Raz se présente à ses visiteurs comme un véritable monument naturel, une haute falaise se terminant en lame rocheuse, accentuant l'impression de « bout du monde ».
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- la création d'une « maison de site », destinée à l'accueil et l'information du public sur le site lui même et l'ensemble du Cap Sizun,
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L'accueil du public et les formes de régulation des flux
Les conditions de la visite du site ont été largement améliorées: paysage réhabilité, sentiers et signalétique particulièrement soignés, commerces installés dans des locaux agréables et modernisés, maison du site proposant information et expositions, visites guidées, présence de personnel d'accueil. Cependant, cette opération n'a pas véritablement fait l'objet d'une réflexion en terme de « capacité d'accueil » du site. Le nombre de places de stationnement n'a pas été diminué ; la demande en stationnement s'est même accrue du fait de l'allongement de la durée de la visite, engendrée par l'éloignement du parking par rapport à l'extrémité de la Pointe, et par l'attractivité de l'accueil et des services offerts. En revanche, le recul de la « porte d'entrée du site » (parking, accueil des visiteurs) a accru l'espace d'évolution des visiteurs ainsi que le linéaire de sentiers, réduisant la concentration antérieure des visiteurs à l'extrémité de la Pointe. |
De par l'organisation délibérée du site, les visiteurs sont fortement incités à emprunter le sentier sud d'accès à la Pointe, moins fragile ; de fait c'est celui qui est le plus fréquenté. Le sentier d'accès par le nord, qui réserve des vues superbes sur la Pointe du Van, reste volontairement plus confidentiel ; il est emprunté par quelques « découvreurs » qui aiment à sortir des « sentiers battus ».
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L'aménagement du site dans le respect de l'esprit des lieux
La qualité très remarquable de la conception et de la réalisation des aménagements extérieurs, notamment des parkings et des sentiers, font de l'opération Grand site de la Pointe du Raz une référence en la matière. - à adapter le tracé des parkings afin de restituer les formes du parcellaire traditionnel - à réutiliser certains éléments typologiques du site tels murets, murs/talus, éléments discrets qui, par leur caractère structurel autonome, se comportent comme des permanences dans le paysage - à utiliser deux matériaux, la pierre comme élément construit et la lande comme élément végétal, pour relier tout cet ensemble - au choix volontaire d'utiliser les matériaux du site pour réaliser l'ensemble des travaux en recyclant au maximum les matériaux présents sur site afin de minimiser les apports extérieurs et de permettre une démarche « écologique » dans le respect des éléments de composition du site.
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Concernant les revêtement de sols, il a été établi une hiérarchie suivant les fréquences saisonnières d'utilisation des parkings, tout en conservant la sensation que l'on se trouve bien à la porte d'un site naturel : - surfaçage en émulsion gravillonnée de couleur ocre pour le parking permanent avec accueil des cars et des camping cars en partie basse pour minimiser l'impact - association de deux structures, surfaçage en émulsion gravillonnée pour les circulations et structure terre/pierre, pour le stationnement puis ensemencement hydraulique - dispositifs de canalisation de la fréquentation : clôture de fil métalliques de hauteurs - revégétalisation spontanée : évolution naturelle de la végétation sur des secteurs mis en défens - ensemencements hydrauliques : épandage d'un mélange graines + eau + fixateur + produits de germination et de fertilisation - broyant : épandage du produit d'un broyat de lande haute et moyenne - transplants de mottes : prélèvement de mottes de lande en milieu sain et remise en place en secteur dégradé. Les suivis scientifiques de ces techniques sont encore en cours.
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La structure et les moyens de gestion
Autrefois non véritablement géré, le site est aujourd'hui doté d'une instance de gestion : le syndicat mixte pour l'aménagement et la protection de la Pointe du Raz et du Cap Sizun. Les ressources de gestion du site proviennent pour 95 % des recettes de parking. Une avancée importante est à mentionner quand on connaît les antagonismes qui ont longtemps divisé les deux communes : le site est géré dans sa globalité « Pointe du Raz, Baie des Trépassés, Pointe du Van », c'est-à-dire s'étendant sur les deux communes de Plogoff et de Cléden, avec les recettes de parking prélevées à la seule Pointe du Raz. La Pointe du Raz dispose aujourd'hui de moyens de fonctionnement et de gestion, d'une structure pérenne. On notera que les commerçants sont associés avec voix consultative à la gestion du site. Mais, bien que largement bénéficiaires de l'opération, les 14 commerçants présents ne participent ni financièrement ni en nature à la gestion du site.
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Les retombées économiques et le partenariat local
Les commerçants présents sur le site sont les premiers à reconnaître l'impact positif de la réhabilitation sur leur activité et leur chiffre d'affaire. Les retombées de l'opération à l'échelle du Cap Sizun si elles existent certainement sont plus difficiles à cerner. Elles ont pourtant été au coeur du projet et ce dès l'origine : l'objectif étant de faire de la Pointe du Raz « la porte d'entrée sur le Cap Sizun ». |
La maison du site s'attache d'ailleurs à faire la promotion du Cap Sizun dan a globalité et à inciter les visiteurs à séjourner et à découvrir le autre richesse de la région. Cependant une grande partie des mesures d accompagnement prévues à l'opération grand site pour le Cap Sizun reste encore à définir con rètement et à mettre en oeuvre. Seul le bouclage des sentiers côtiers est réalisé. |
L'Opération grand site de la Pointe du Raz est exemplaire à plus d'un titre : ampleur des dégradations, importance des moyens de remise en état du site, caractère spectaculaire des démolitions, prise de conscience «de ce que gérer un site naturel veut dire» Elle devrait inciter également à la modestie dans les interventions sur les grands sites et pose plus que tout autre la question de la réversibilité des aménagements. N'oublions pas que l'OGS des années 90 a été précédée dans les années 60 par une première opération de réorganisation du site elle aussi d'envergure pour l'époque ; elle |
avait abouti à la création des parkings et du regroupement de commerce au sein de la « cité commerciale », ceux-là même qu'il s'est avéré prioritaire de détruire en 1995... Les nouveaux aménagements subiront-ils le même sort dans quelques décennies ? Reste que l'intervention actuellement en cours comporte on l'a vu, un important volet de reconstitution du paysage de landes et de pelouses littorales. S'il réussit, il marquera l'histoire du site et, au delà, l'histoire des techniques de reconstitution végétale et écologique. |